USA | Trump : Est-ce que populisme peut rimer avec performance économique ? FOCUS.
Beaucoup d’observateurs et économistes prédisaient un désastre économique sans précédent si Donald Trump venait à conquérir la présidence de la 1ère puissance économique mondiale.
Pourtant nous voici arrivés à plus de la moitié de son mandat présidentiel, et malgré des Tweets rocambolesques et une mise en scène permanente, les États-Unis affichent un bilan économique remarquable.
L’actuel résident de la Maison Blanche semble tenir son pari, ne serait-ce que sur le plan économique: la croissance américaine dépasse aisément les 2%, tutoyant même les 3% en 2018 selon la FED , l’inflation est maîtrisée aux alentours de 2% et le taux de chômage est au plus bas qu’avant la crise économique et financière de 2008, mais surtout Donald Trump peut fièrement se targuer d’avoir abaissé ce taux en dessous de la barre des 4% de la population active, une première depuis 50 ans, soit depuis 1969!
Les chiffres l’affirment: les résultats économiques sont au rendez-vous! Et la population américaine semble être plutôt satisfaite des performances économiques de son pays : en effet, selon une étude publiée par le site d'informations Axios, près de 53% des Américains approuvent la façon dont le président gère les emplois et l'économie. Cependant nous pouvons nous poser la question suivante: Est-il le réel impulseur de cette bonne santé économique? Ou bien récolte-t-il les fruits du travail de son prédécesseur, Barack Obama? La réponse est partagée, oui et non.
Avant la prise de fonction du Président Trump, l’économie américaine se portait très bien et la croissance avait commencé à s’accélérer depuis 2015.
Donald Trump, à travers une politique de relance, a donc accompagné cette accélération du rythme de la croissance, en augmentant d’une part les dépenses publiques, et d’autre part en mettant en place une déréglementation fiscale qui se traduit par la réduction des impôts sur les entreprises ainsi que par un allègement des taxes.
Cette stratégie, qui permet d’obtenir une croissance florissante rapidement, reste court-termiste, et les chiffres affichés servent à la fois de trompe-l’oeil, car ils cachent aussi une réalité non exprimée, et d’épouvantail, pour chasser les regards sur ce qu’il ne va pas dans sa politique.
Tout d’abord, comme toute politique de relance Keynésienne, les dépenses publiques creusent de façon pharaonique, à l’image du personnage, le déficit budgétaire du pays. (779 milliards de dollars en 2018, une augmentation de 17% par rapport à 2017).
Ensuite, même si les mesures protectionnistes appliquées actuellement sur le commerce extérieur restent faibles, le déficit commercial continue de prendre de l’ampleur. (51,1 milliards de dollars en janvier 2019).
La guerre commerciale que mène Donald Trump avec la Chine et l’Union Européenne ne parait guère jouer en sa faveur, car les entreprises de pays tiers pourraient trouver d’autres marchés pour écouler leurs exportations.
Enfin, sur du moyen/long terme, le risque de déficits jumeaux est majeur, et dans ce cas là, l’administration Trump laisserait une ardoise très conséquente adossée à des problèmes économiques structurels. Cependant, ces effets semblent tout à fait minorés compte-tenu de la puissance du dollar.
Auteur : Matthieu Bady pour Blanchier Consulting