Le risque à l'international et le risk management

14/02/2023| par Florence Blanchier| risk management
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VOTRE RISK-MANAGEMENT CONNAIT-IL VRAIMENT TOUS LES RISQUES ?



Des règlementations qui évoluent sans que l’on en ait été informés, des redressements financiers pour non-conformité, des certificats manquants aux frontières sont autant d’obstacles auxquels les entreprises doivent faire face au quotidien. De la TPE au grand groupe, bien maline celle qui se targuerait d’y échapper. En effet, on passe notre temps à colmater les brèches pour éviter de s’engouffrer dans la non-conformité. Une personne à appeler pour éviter cette situation : le risk-manager est l’homme ou la femme qui tombe à pic ! Mais est-ce que ce personnage providentiel évalue bien tous les risques ? Regard sur un métier qui monte, qui monte.

Le risk-management, c'est quoi ?



Le risk-management, en d’autres termes la gestion du risque, est un métier d’origine anglo-saxonne qui prévient l’entreprise des dangers auxquels elle est confrontée. Il identifie, analyse et restitue les éléments de vulnérabilité de l’entreprise. Ainsi, les pistes de solution préconisées contribuent à renforcer l’avantage concurrentiel de l’entreprise.

A l'origine, les organisations évoluant dans des activités à haut risque comme la chimie, l’aérospatial, le pétrole , ... ont naturellement intégré dans leurs systèmes de production, la prévention du risque. A l’heure où la normalisation s’étend à toute la chaîne de valeur, ce métier apporte désormais une large contribution à la stratégie de l’entreprise, en s’appuyant sur sa double expertise juridique et financière. D'ailleurs, ses parties prenantes, parmi les plus influentes que sont les assurances et les banques, l'encouragent vivement.

Par exemple, vous souhaitez bénéficier d’une garantie de sécurisation de paiement, un crédit client sur un pays à risque et vous n’avez pas de gestionnaire de risque dans vos équipes ? Pas sûr que vos partenaires financiers vous suivent.
Même si les grands groupes l'affectionnent particulièrement, les dirigeants de plus petites structures gèrent les risques au quotidien ou enjoignent leurs managers à leur faire part de leurs évaluations régulièrement. C’est là où la sélection naturelle s’opère et pas forcément au bénéfice de l’entreprise. Explications...

Qui occupe cette fonction ?



Les risques doivent correspondre à des coûts ou des indicateurs quantifiables, tel qu’une amende, une pénalité de retard, la perte d’un marché, une contre-performance de fabrication, ...

Par conséquent, le service financier est tout désigné pour repérer ces coûts, que ce soit le comptable, DAF, contrôleur de gestion, en fonction de la taille de l’entreprise. Or ses compétences purement financières ne lui donnent pas une vision transversale du risque, à moins qu’une équipe désignée apporte sa pierre à l’édifice. Ainsi :

- Le bureau d’étude contribue par sa compétence produit, au respect des normes de conformité qu’exigent la mise sur le marché.
- Le responsable qualité veille à l’adaptation du manuel du même nom pour anticiper les normes liées à la RSE, à la lutte contre la corruption et le trafic d’influence avec la collaboration du service RH.
- Le service juridique (ou, en son absence, les ventes et les achats) sera force de proposition à l’adaptation des documents contractuels vis-à-vis des fournisseurs et des clients, en fonction de la législation en vigueur dans les pays concernés.

Malgré cela, si un dirigeant de TPE / PME et même ETI a du mal à constituer une telle équipe, c’est probablement dû à un manque d’effectif.

La nécessité d'un risk management



Et pourtant, laissez-moi vous relater une étude de cas qui s’est produite deux fois l’an dernier (2022). Deux ETI, en forte croissance, se sont vu bloquer plusieurs conteneurs complets et prêts à être enlevés par le transporteur à cause d’une évolution de la règlementation au Maroc non identifiée.

Le marquage obligatoire Cم, instauré en application de la loi marocaine 24-09 relative à la sécurité des produits et des services, a marqué une étape importante dans le processus de renforcement de la sécurité des produits industriels déployé par le Ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Economie Numérique.

Ainsi, depuis le 1e août 2019, c’est au fabricant et non plus à l’importateur d’apposer la marque sur ses produits.

Vous imaginez un conteneur complet à décharger ? Où trouver en urgence un bureau d’inspection habilité par le gouvernement marocain pour apposer ce marquage CMIM ? Quels sont les critères d’obtention ? Auprès de qui externaliser la tâche ? Quels sont les coûts réels dus au retard de livraison ? Heureusement le conteneur n’est pas bloqué en douane, sinon il aurait fallu ajouter à la liste, des frais d’encombrement portuaire, surestaries et autres frais de stockage.

Comment organiser le risk-management ?



Cet exemple illustre la nécessité d’avoir un risk-management transversal qui conjugue certes les aspects financiers et juridiques mais aussi ceux propres aux métiers de l’international comme :

- L’incidence sur le choix des Incoterms® à l’achat comme à la vente
- La connaissance des régimes douaniers afin de contourner certains risques de taxation inutile en cas de réexportation
- La contractualisation avec le RDE et la compréhension de son métier, véritable partenaire auprès des services douaniers
- L’adaptation des contrats de distribution, de vente, d’achat ainsi que les CGV à l’international
- La formation sur ces points de négociations que sont les Incoterms® et la sécurisation des paiements. Ceci afin de mieux armer les équipes commerciales en contact direct avec les fournisseurs et les clients et non pas uniquement des administrations des ventes comme c’est la tradition.
- La dimension interculturelle dans la négociation. Risque par excellence non quantifiable mais hautement politique dans la préparation d’un contrat.

Si nous reprenons notre étude de cas, chaque semaine de retard de livraison du à ce manque de prévention représente une perte sur :

- Les heures de négociation avant signature du contrat
- Des pénalités de retard si elles font partie des clauses contractuelles
- La réputation de l’entreprise qui perd la confiance du client et peut-être le marché tout entier,

Sans compter le coût non budgété sur :

- Les heures de conseil pour comprendre le problème
- La prestation d’un bureau de vérification
- La prestation d’un intermédiaire habilité à réaliser le marquage
- La location du conteneur
- Le dépotage et le rempotage du ou des conteneurs
- Le risque de non-paiement accru

Et l'international dans tout ça ?



A l’heure où la normalisation est de plus en plus présente dans les entreprises et aux quatre coins du globe, l’international distille ses opportunités mais aussi ses risques dans la chaîne de valeur de l’entreprise. Si le haut management et la direction n’ont pas conscience de ces enjeux, ce sont assurément des pertes à la clé. Le risk-management doit être en relation directe avec ces derniers. En outre, il doit étoffer sa vision par des compétences internationales qui restent trop dans le domaine de l’opérationnel, qui plus est, en bout de chaine, c’est-à-dire à l’administration des ventes.

En conclusion, les dirigeants doivent comprendre que ce qui est important stratégiquement pour leur entreprise, consiste à identifier tous les facteurs de risque, y compris ceux spécifiques à l’international, qui peuvent freiner voire empêcher leur réussite. Pour cela, seule une équipe formée et transversale permet d’atteindre l’objectif.

Le leadership est une alchimie singulière, sans lien direct avec le secteur d’activité, permettant d’agir sur la performance d’un collectif. ”Sabine Dandiguian

Et vous, est-ce que votre risk management est préparé à l'international ?
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Auteur : Florence Blanchier

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